-- De Lijiang à Lhassa

A partir de Lijiang le trajet vers le plateau du Tibet emprunta des routes asphaltées ou dallées de béton et des pistes de terre à flanc de montagnes surplombant rivières et torrents aux eaux limoneuses ou limpides, ou en fond de vallées alluviales couvertes de parcelles cultivées où des groupes de paysans tibétains moissonnaient et où des animaux paissaient le chaume après la moisson.

La frontière entre le Yunnan et le Tibet se situe un peu avant la ville de Yanjing.

La matinée du 19/09 fut occupée à visiter la ville de Lijiang. Le centre ville autour du parking central est constitué de maisons récentes bâties dans l'ancien style Nasi. Au delà de la place centrale, la vieille ville développe ses rues le long de la rivière derrière deux grandes roues métalliques à aubes. L'ensemble est plaisant, mais sans plus car toutes les maisons anciennes joliment restaurées sont occupées d'un côté de la rivière par des échoppes d'objets du culte, de vêtements et autres colifichets pour touristes et de l'autre côté par des restaurants. Certes il fut agréable d'y flâner par un chaud soleil de fin d'été sur fond de la montagne Yulong Xueshan 5.596 mètres de haut.
Après divers achats et un détour à un cybercafé pour publier une nouvelle page du site, nous partîmes vers 13:00 pour Zhongdian que nous atteignîmes vers 18:00 après un long détour dans la montagne eu égard à un éboulement de terrain coupant la route 214. La route de Lijiang à la route 214 est asphaltée et serpente dans de ravissants paysages montagneux avec de charmants villages. Puis la route 214 jusqu'à Zongdian est en dalles de béton très roulante.

Nous établîmes le bivouac à Zhongdian sur un petit parking public devant la place où il me fut donné d'assister à partir de 19:00 à un étonnant spectacle d'une foule de gens dansant une ronde folklorique sur une musique diffusée par de puissants haut-parleurs. La ville de Zhongdian est habitée par plus de 80% de Tibetains.

La journée du 20/09 commença dès 07:00 et s'annonçait belle. En effet la route est asphaltée, puis un longue portion dans la montagne est pavée pour redevenir asphaltée jusqu'à Dechin où nous fîmes le complément de gazole pour aller jusqu'à Lhassa. Ensuite la route devint une piste plus ou moins difficile. La journée était effectivement radieuse. Les paysages étaient splendides. La température s'éleva jusqu'à 33°C alors que durant la nuit à Zhongdian elle fut de 1°C. L'altitude varia de 2.500 mètres à plus de 3.000 mètres.
Hélas la fin de journée se termina moins bien. Dans un passage délicat entre deux rochers tombés sur la piste, je coupais le pneu avant droit vers 18:00. Je dus changer la roue avant la nuit. Roland ainsi que Michel m'apportèrent une aide très précieuse. A trois le travail fut achevé vers 20:30. Nous reprîmes la route pour être arrêtés quelques kilomètres plus loin par un bouchon crée par un camion en difficulté dans un passage boueux. Nous franchîmes la difficulté. Vers 22:00 nouvel arrêt à 3 kilomètres avant Yanjing, un camion en panne bloquait la piste aux camions. Michel, Elisabeth et moi décidèrent de bivouaquer sur place en attente du lever du jour pour prendre la décision, attendre la réparation du camion ou tenter le franchissement côté ravin!

Le 21/09 au lever du jour, nous constatâmes que le franchissement de l'obstacle était possible en prenant des risques calculés, quelques centimètres côté du camion en panne et quelques centimètres côté ravin. Nous continuâmes notre progression sur la route 214, une piste de terre, après avoir retrouvé nos compagnons à Yanjing. Enfin nous étions au Tibet. Nous déjeunâmes à Markam vers 14:00 dans notre premier restaurant tibétain. A 15:30 nous prîmes la trop fameuse route 318 où nos amis de l'Association des Routes de la Soie eurent des difficultés lors des voyages en 2000 et 2002. Cette route stratégique entretenue par l'armée est une piste de terre bien surfacée avec de courte section goudronnée. Elle serpente à flanc de montagne au dessus d’un profond ravin où coule un impétueux torrent en franchissant deux cols à plus de 4.000 mètres d'altitude. Nous nous arrêtâmes à Dengba vers 18:30. Liu et mes compagnons prirent une chambre à l'hôtel. Ce fut encore une belle journée bien ensoleillée avec une température supérieure à 30°C dans l'après-midi.

Le trajet du 22/09  se fit sur une belle route en grande partie asphaltée. Bien sûr il y eût quelques passages délicats et portions de mauvaise route. La journée débuta par une route dans une large vallée alluviale dont les champs avaient été moissonnés, mais encore couverts de chaume. La montée vers notre premier col à plus 5.000 mètres emprunta une large piste très roulante. Ensuite la progression se fit en fond de vallée à une altitude moyenne de 3.900 mètres. Enfin nous atteignîmes Rawu après le franchissement d'un dernier col à plus de 4.400 mètres d'altitude. Rawu située au bord du lac éponyme doit son existence à la présence d'une caserne de l'armée chinoise. Nous croisâmes plusieurs convois de l'armée chinoise.

Puis l'itinéraire attaqua la route vers le dernier col à 5.013 mètres pour atteindre Lhassa.

Le 23/09 nous partîmes vers 07:00 après une nuit pluvieuse, la route est bonne et goudronnée. Certes il y eut quelques passages de piste en terre dans la montagne qui ralentirent la progression. La Tibet-Sichuan Highway! (route 318) serpente dans une belle forêt d’épineux, puis passe par les fameuses gorges du Yarlung Tsangpo (Brahmapoutre) entre le Namche Barwa (7.756m) et le Gyala Peltri (7.151m). La gorge atteint une profondeur maximum de 5.382m (trois fois le Grand Canyon). Vers 12:00 nous déjeunâmes à Tagme dans une échoppe tibétaine d’un grand bol de soupe de spaghettis avec des légumes, un œuf et des morceaux de porc pour 7 yuans soit 0,72 euros. Peu après Tangme la stratégique route nationale 318 sur une dizaine de kilomètres devint une piste boueuse très étroite, pour un seul véhicule, entre ravin et falaise. Le Toy de Roland et Henriette ouvrit la route pour stopper les véhicules descendant afin que nos camions puissent progresser sereinement sans avoir la hantise de se trouver face à camion. 50 kilomètres après Tagme la route 318 redevint asphaltée et roulante. Les 454 kilomètres de Rawu à Bahel furent couverts en 12 heures arrêts compris. Pendant toute la journée le ciel fut couvert et le sommet des montagnes étaient dans les nuages. Nous établîmes le bivouac dans la cours d’un hôtel de Bahel.

Le 24/09 nous couvrîmes les 338 kilomètres de Bahel à Lhassa en six heures. En route nous vîmes de nombreux campements de nomades tibétains. Arrivés à Lhassa vers 14:30 nous fîmes une photo des véhicules devant le Potala. Puis nous établîmes le bivouac dans la cours de la bibliothèque.

Nous restâmes trois jours à Lhassa pour remplir les formalités administratives, pour panser les plaies de nos véhicules et visiter la ville et ses environs avant de partir vers la frontière népalo chinoise.