Yvon Bodelot, patron de Touratech-France, m’a invité au Travel Event 2014 au Parc des Exposition d’Orange du 23 au 25 mai. Je décidais d’y aller en faisant l’école buissonnière dans le Luberon.
Je quittais la Villa Thébaïde du Peical, ma résidence d’handicapé cardiaque, le samedi 17 mai dès potron-minet par les routes départementales du Var puis du Vaucluse. Mon premier arrêt fut le Pont Mirabeau sur la Durance, entièrement reconstruit, puis les quelques kilomètres annoncés par le Guide Vert comme étant le "Défilé de la Durance". Grosse déception, je m’attendais à un défilé du type des Gorges du Verdon ou du Daluis, que nenni. La Durance chemine dans une plaine alluviale qui lui sert d’exutoire en cas de crues. Certes il y a, à droite & à gauche, quelques rochers entaillés.
La Durance |
Ensuite je visitais l’abbaye de Silvacane du 12e siècle de l’ordre de Cîteaux fondé par Robert de Molesme. Elle est l’une des trois abbayes cisterciennes de Provence avec celles du Thoronet et de Sénanque.
Abbaye de Silvacane, fleur de nénuphar |
Enfin la journée s’acheva par la visite du château d’Ansouis construit au 10e siècle et plusieurs fois remaniés aux 17e et 18e siècles. La façade est typique des hôtels particuliers d’Aix-en-Provence. L’intérieur est un enchevêtrement de constructions en moellons attestant de l’architecture des différentes époques. No-photo ! J’établis mon bivouac sur un parking à l’entrée d’Ansouis. Je retrouvais mes sensations de voyage d’avant l’"annus horribilis 2013".
Ansouis, vue d'en haut |
La journée s’annonça radieuse. Le programme commença par le gros village de La Tour d’Aigues dont le château est une somptueuse ruine servant de cadres à des manifestations musicales. Hélas, deux fois hélas, le vaste parking devant m’entrée était occupé par le marché dominical des "Louis La Brocante" locaux en conséquence la visite du château n’est possible que l’après-midi. Je fis quelques que emplettes pour le repas du midi.
Par les routes départementales D 956 puis D 27 passant par Grambois & Cucuron j’arrivais à Lourmarin. Le paysage est une plaine consacrée à la culture vivrière ainsi qu’à la vigne au pied du Grand Luberon.
Le Luberon |
Lourmarin est appelée le village aux trois clochers, le temple protestant, l’église catholique et le beffroi du 17e siècle. Le château a connu trois périodes de construction, une forteresse du 12e & 13e siècle, une partie gothique finissant et enfin la partie renaissance. Il fut longtemps la propriété de la puissante famille des Foulques d’Agoult qui donna naissance à Marie d’Agoult, femme de lettres, qui enfanta, de ses amours avec Franz List, Cosima d’Agoult future femme de Richard Wagner.
En route pour Bonnieux je m’arrêtais après un pique-nique à l’Enclos des Bories. Sur un terrain d’environ 4 ha une vingtaine de bories ont été retrouvés et restaurés. Un bori est une construction de pierres sèches, lauzes, assemblées sans mortier, dont les murs pouvaient atteindre 80 cm à plus 1 mètre d’épaisseur. L’Enclos des Bories atteste de l’occupation de la région tant par des nomades, bergers, que par des sédentaires, cultivateurs. Le site présente des citernes, aiguiers, des aires de battage et un extraordinaire rucher dans un mur de lauzes.
Enfin une superbe vue sur Bonnieux, le Petit Luberon et le Mont Ventoux. Hélas le temps s’écoulait trop vite.
Je visitais rapidement le Haut Bonnieux car je voulais parcourir le Fort de Buoux construit sur une falaise inexpugnable dominant la région.
L’occupation du site est attestée depuis les temps les plus reculés, l’homme du paléolithique dans les grottes de la Baume. Le fort avait une vocation militaire dès les origines, les Ligures, les Romains puis les guerres de religions entre catholiques et protestant. La visite offre un spectacle impressionnant sur le Luberon requérant une marche depuis le parking d’environ une heure et demi. Enfin de journée je trouvais un bivouac au carrefour des départementales 113 & 232. Le ciel se couvrit de nuages annonciateurs de mauvais temps pour le lendemain.
La prévision s’avéra exacte, il plut pendant la nuit et au petit matin un méchant crachin tombait. Je commençais la journée par un détour pour visiter le village de Sivergues perché sur les pentes du Luberon. Il fut créé par des vaudois du nom du fondateur de la secte éponyme, un certain Vaudès, au 12e siècle. Il possède quelques maisons, gites rurales en saison et une mairie !
Je poursuivis mon programme en allant à Auribeau au pied du Luberon, départ de la randonnée de l’ascension du Mourre Nègre (en langage vernaculaire, le museau noire) sommet du Luberon à 1125 mètres. Eu égard au mauvais temps et étant seul, je renonçais, la mort dans l’âme, à cette expédition qui devait me servir de test d’aptitude à la moyenne montagne.
Je repris la route pour aller à Saignon situé sur un promontoire dominant Apt. Il se distingue par une imposante église romane, une jolie place de la Fontaine avec un lavoir et le rocher de Bellevue avec en contrebas la ville d’Apt. Je déjeunais dans le camion sur le parking.
Le crachin persistant
je repris la route pour Apt. La ville malgré
un circuit touristique ne me laissa pas un
souvenir impérissable sinon par la litanie des
crottes de chien dans la rue piétonne.
Une journée de merde !
c’est le cas de le dire.
Le guide vert : ..."L’ocre est un colorant minéral naturel mêlé à des grains de sable que l’oxyde de fer (principalement la limonite ou la goethite) colore en jaune, brun ou rouge. Si ce pigment est connu dès la préhistoire – on en trouve des traces dans les grottes de Lascaux - et exploité depuis l’époque romaine, il n’est produit de manière industrielle qu’à partir de la fin du 18e siècle… Outre la fabrication utilisé par les peintures et les badigeons, l’ocre avait diverses applications industrielles parfois insolites : mélangée à l’hévéa elle entrait dans la composition du caoutchouc ; on en faisait des chambres à air, des élastiques, du linoléum, la peau des saucisses de Strasbourg et… "
Je repris de nouveau la route pour m’avancer vers le circuit de l’ocre commençant à Rustrel, dont le château du 17e siècle est occupée par la mairie . Je bivouaquais sur le parking à l’entrée du village.
Le Colorado provençal est situé à environ un kilomètre de Rustrel. C’est un paysage principalement de couleur ocre avec différentes variantes allant jusqu’au blanc. Les structures géologiques sont produites par l’érosion climatique, vent et pluie, et sont donc amenées à disparaitre. Je me promenais sur le circuit n°2 de 3,8 km
Au retour vers le parking je rencontrais deux extra-terrestres avec de drôles de machines, des drones. Ces deux humanoïdes, fort sympathiques & parlants français (!), m’expliquèrent qu’ils procédaient à des prises de vues le long du parcours du Tour de France cycliste 2014 pour animer les comptes rendus de la télévision, à voir impérativement. Leurs engins sont fabriqués à Hong-Kong et celui en photo coûte sans les accessoires 20.000€ Ils ont déjà parcouru le monde, Antarctique, Monument Valley etc… Leur site Internet : www.freewaydrone.com (pub gratuite)
Les Mines de Bruoux à Gargas dont l’ocre était extrait de 1895 à 1960 furent les plus importantes d’Europe avec plus de 40 km de galerie creusées à la pioche. Une équipe de trois mineurs était composée d’un mineur d’avancée, ambidextre creusait une voute d’un mètre cinquante de haut et de trois mètres de large et de deux mineurs de cheminée, l’un à droit, droitier et l’autre à gauche, gaucher, creusaient deux cheminées pour dégager un bloc d’ocre qui était ensuite dynamité. En pleine exploitation la mine occupait 120 mineurs. La voute ainsi piochée ressemble à une nef de cathédrale véritable vaisseau inversé. De 1960 à 2006- les galeries furent utilisées à la culture des champignons de paris. La visite s’effectue en parcourant 650 mètre de galerie par une température de 10°C et une humidité de 90%. No-Photo ! Les photos présentées sont des prises de vues de cartes postales ou de murales.
Le conservatoire des ocres et de la couleur, Ôkhra, est situé dans l’ancienne usine Mathieu organisé en coopérative culturelle. La visite guidée présente les origines du pigment de l’ocre et bien d’autres, son utilisation et surtout sa fabrication jusqu’en 1963 en parcourant les différents ateliers avec leurs machines ainsi que les bassins de décantation et le four de cuisson. Notre guide était un jeune de 19 ans, haut en couleur locale, avec un humour décapant en cette période de chienlit. L’heure tardive, l’affluence des touristes et surtout aucune place de parking me firent renoncer à parcourir le "Sentier de l’ocre". Je trouvais une vaste aire de repos où je posais le camion pour le bivouac.
Le temps était maussade, ciel de plomb et pluie intermittente. L’église romane de Saint-Pantaléon fut construite sur la roche ainsi que les tombes d’enfants l’entourant. La tradition raconte que des enfants morts avant le baptême étaient amenés à l’église pour y être baptisés avant leur inhumation.
Sur la D 148 une vieille bastide du 17e siècle a été transformée en musée de huile d’olives depuis son origine en Mésopotamie jusqu’à nos jours. Histoire remarquable par ses implications dans les trois religions monothéistes, par ses usages thérapeutique et sanitaire, savon de Marseille dont l’invention a été faite à Alep, aujourd’hui tristement célèbre. Tout à côté dans un bâtiment moderne l’histoire du verre et du vitrail nous est conté magnifiquement. Là encore son origine remonte à plus de 6.000 ans en Syrie. Ces deux musées ont été créés par Frédérique Duran, sculpteur sur duraluminium. J’eus l’occasion de rencontrer cette charmante vieille dame.
Le hameau d’une vingtaine de bories, entièrement restaurées, dirait Jacques Dufihlo, est organisé en musée, hélas sans âme. L’Enclos des Bories de Bonnieux est beaucoup plus authentique par l’aridité du paysage et sa conservation en l’état.
Le site est situé à 2 km de la route D 2. Un vaste parking est aménagé pour les camping-cars interdits de circulation. Il faut y aller à pied, bof ! Mais à ma grande stupéfaction une voiture de la gendarmerie planquait à l’entrée du Village des Bories pour verbaliser les contrevenants. Au commencement les "gens d’armes" étaient des militaires et dans ma jeunesse ils avaient un comportement pédagogique ; maintenant rattachés au ministère de l’intérieur ils sont simples flics... répressifs !
Gordes, le village des villages le plus fréquenté du Luberon, est une usine à touristes, je ne m’y attardais pas.
Horde de touristes |
La journée s’acheva dans un havre de paix et de silence, l’abbaye de Sénanque, troisième abbaye cistercienne en Provence, nichée dans un vallon entouré de montagnes boisées. Le site est habité par une petite communauté monastique. J’effectuais la visite guidée hautement recommandable par les commentaires tant architecturaux que culturelles de la vie monastique. Ce fut un véritable plaisir et une invitation à une retraite spirituelle. J’achetais deux CD de chants grégoriens de l’abbaye de Solesmes. Je trouvais un bivouac quelques kilomètres plus loin sur le plateau.
Le temps ne fut pas au beau fixe le jeudi 22 mai, toujours un ciel bas et des pluies intermittentes, malgré tout la température oscillait entre 20 et 22°C. La journée commença par l’ascension du col de Murs à 625 mètres d’altitude. La route serpente dans de magnifiques forêts de chênes verts. La montée à Venasque fut toute aussi belle avec l’arrivée au pied du vestige des murailles avec les tours dites sarrasines. Le nom du village est à l’origine du Comtat Venaissin. Il est agrippée à la falaise et les rues pavées zigzaguent entre les maisons, chaque carrefour est agrémenté d’une placette avec une fontaine. A côté de l’église Notre-Dame le Baptistère est l’un des plus anciens édifices religieux. Il serait du 6e siècle, époque mérovingienne. Mais il aurait pu être un temple romain dédié à Diane, Vénus ou Mercure car plusieurs autels ont été retrouvés. Sa forme en croix grec est dite quadrilobée.
L’étape suivante fut la ville de Pernes-les-Fontaines dont le nom est lié à la multitude de fontaines alentours. Il est dominé par un haut donjon, Tour de l’Horloge, offrant un panorama sur le Mont Ventoux par temps clair ! Un circuit touristique permet d’apprécier l’architecture de la ville ainsi qu’un vestige des remparts avec les portes de Villeneuve et de St-Gilles.
Carpentras ne me laissera pas un souvenir impérissable eu égard à la fermeture des édifices touristiques. Par exemple l’apothicairerie de l’Hôtel Dieu n’est visitable hors saison de juillet août que le vendredi ! Pour me consoler de cette infortune je m’offris une barquette de fraises de la variété ciflorette, on se gratifie comme on peut. Bien sûr je la dégustais aussitôt. En milieu d’après-midi je me dirigeais vers Orange avec un arrêt au Carrefour local pour faire de l’approvisionnement pour le weekend de trois jours au parc des expositions pour le Travel Event de Touratech.
L’exposition Travel Event 2014 organisé par Touratech dura trois jours. Elle fut fréquentée par des motards principalement chevauchants des BMW flat-two. Ce rassemblement sur le parking fut impressionnant. Le samedi plus de 3.000 personnes visitèrent les stands et dans l’après-midi des familles d’Orange avec femmes & enfants vinrent augmenter la fréquentation. Les visiteurs harnachés de cuir & casque à la main déambulaient dans les allées, se groupaient en discutions animées le tout très bon enfant. Point de décorations extravagantes, point de casques encornés, point de tatouages provocateurs, ce n’était pas une horde chevelue pétaradant des Harley-Davidson comme aux USA. L’ambiance était cool ; les possesseurs de BMW sont gens bien élevés, budget moto obligé, supérieur à 20.000 euros. Invités par Yvon Bodelot j’assistais Monsieur & Madame Giraud concepteur et fabricant des cellules PSI-Azalaï pour véhicule 4x4 destinés aux raids qui exposaient deux Rangers Ford et mon Mercedes "G". Bien sûr les visiteurs, intéressés, pas les badauds collecteurs de pub, par nos véhicules étaient surtout des couples proches de la retraite et souhaitant poursuivre leur voyage avec plus de confort. Ils commençaient à réfléchir à l’après voyage en moto. Les visiteurs dimanche furent moins nombreux, les motards venus d’Angleterre, d’Allemagne ou de Hollande devaient retourner dans leur lointain pays. J’en profitais pour faire le tour des stands des fabricants de motos pour rêver à ce que j’aurais pu faire étant plus jeune… mais je dois penser à ce que je ferai dans une autre vie. Dès 15 heures les exposants démontais leur stand. Après un pot d’adieu offert par des amis du concessionnaire Ford. Nous nous quittâmes. Yvon Bodelot m’a invité à bivouaquer sur le parking de son entreprise.