A mon retour de l’escapade au Maroc et après avoir réservé pour camion-2
un espace dans un RoRo d’Anvers à Halifax
auprès de Seabridge, je devais le mettre à quai au plus tard le lundi
13 avril. Je programmais mon GPS des villes à l’adresse indiquée
pour un parcours qu’il m’annonça de 1199 km d’autoroute Je partis
donc le samedi 11 avril à la pointe du jour pour arriver dans
l’après-midi du dimanche au port. Pour ma tranquillité d’esprit et
par paresse je le suivis servilement constatant que la route
proposée n’était pas celle que j’aurais prise. Par exemple il me fit
prendre la rocade-est de Lyon alors que j’aurais pris Lyon Centre,
mais au final il m’évita une grande partie du bouchon que je
trouvais au péage de Villefranche et ainsi de suite. C’était donc le
meilleur choix en temps à défaut de l’être en distance parcourue.
Le
samedi soir je bivouaquais sur une aire de repos pour camions à la
hauteur de Toul. Au petit matin une kyrielle de voitures de douane
et de police me bloqua ainsi que la voiture voisine arrivée dans la
nuit. La gente policière et douanière composée à plus de 50% de
femme me salua et me dit qu’elle intervenait pour la voiture
voisine occupée par un homme de couleur, je quittais les lieux sans
déplaisir. Dans l’après-midi du samedi j’essuyais une bruine
printanière et le dimanche matin un dense brouillard en traversant
le Luxembourg. Je déjeunais sur une aire de service du Ring de
Bruxelles avec un hot spot Wifi. A l’approche de la Mer du Nord le
vent du large chassa les nuages et un chaud soleil réchauffa
l’atmosphère. J’arrivai au terme de mon voyage vers 14h30 en face du
PSA building. J’y établis mon bivouac sur un espace de stationnement
devant un camion. J’envoyais mon position report journalier par
radio HF puis je préparais le camion, nettoyage des salissures de la
route et rangement pour ne rien laisser dans la cabine. Las, je
terminais la journée en lisant sur ma Kindle "Le dernier jour d’un
condamné" de Victor Hugo.
D’après l’excellente documentation fournie
par Seabridge, il fallait se présenter à partir de 08h00 au bureau
de PSA-building mais je constatais que dès 06h00 des camions
entraient et sortaient de l’enceinte. Avec mon dossier sous le bras
j’entrais pédibus dans les bureaux vers 6h30 où une accorte jeune
femme parlant français prit en charge mon dossier ; dix minutes plus
tard je ressortais avec la document requis pour aller au quai
869 où une voiture électrique Zoé m’attendait ! L’inspection
terminée la procédure avec durée à peine une demi-heure de bout en
bout. Un taxi fut commandé qui arriva vers 07h30 pour me déposer à
la gare Antwerpen-Berchem vers 08H00. J’arrivais vers 9h30 à
Bruxelles-Midi largement en avance pour prendre le TGV de Nice à
12h06 avec un arrêt aux Arcs-Draguignan où mon frère m’attendait à
19h23.
Je ne peux pas ne pas mentionner le professionnalisme tant de
Seabridge que de PSA qui prit en charge le gardiennage et le
transport de mon véhicule que je devrais retrouver à Halifax à une
date encore indéterminée, à partir du 29 avril. Le dimanche 26 avril
je reprendrai un TGV mais pour aller à l’aéroport Charles-de-Gaulle
où le lundi 27 j’embarquerai sur un vol de la British Airways pour
Halifax en deux stops via Londres et Toronto. A partir de début mai
2015 je reprendrai mes carnets de route hebdomadaires en commençant
par le Canada puis les USA pour retrouner là où je laissai le
camion-1 dans le casse Lopez, Baja-California.
Le défi de cette
deuxième partie du tour du monde est d’une toute autre nature. Je
suis plus âgé avec une santé fragilisée. D’ailleurs mes cardiologues
et mon généralité m’ont formellement déconseillés de reprendre la
route a fortiori en passant par l’Equateur, la Bolivie, le Pérou et
la Cordillère des Andes. Dans la vie il faut être raisonnablement
raisonnable. Je ne peux pas ne pas citer, pour la nième+1 fois,
Clint Eastwood : "L’homme sage connait ses limites". Mais faut-il être
sage ? Le tour du monde n’est pas une fin en soi, par contre la
découverte de nouveaux paysages, de nouvelles civilisations, de
nouveaux contacts humains là est l’une des finalités de la vie,
l’enrichissement intellectuel, la transmission de la connaissance et
le respect de l’autre. La prise en compte de l’autre est une leçon
d’humilité. "Être, c’est s’efforcer d’être ouvert à tout." Philippe
Bilger.