Maroc Oriental
Piste Ra
Après avoir trouvé le km 0 de la piste Ra
j’y établis mon bivouac et je commençais
les travaux journaliers du soir. Mais vers
17h15 un quidam bien élevé, bien habillé
et s’exprimant dans un français châtié me
pria pour ma sécurité de le suivre pour
passer la nuit sur un parking dans la
ville. Bien sûr je discutais sa
proposition âprement, mais devant son
insistance courtoise j’obtempérais.
C’était le premier adjoint au maire de la
ville ! Je passais la nuit sur le parking
de la station-service Afriquia.
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Bivouac km 0 |
Dès le lever du jour je quittais Afriquia
pour rejoindre de nouveau la piste Ra au
Km 0. Je commençais la progression sur une
piste le long de l’Oued Charef lorsqu’un
4x4 indigène me rattrapa et me demanda de
m’arrêter. Le conducteur s’exprima en
anglais et me demanda où j’allais et si
j’avais une carte. Je lui montrais mon
ordinateur de bord et le guide Gandini. Il
me répondit qu’il le connaissait et me
souhaita bon voyage au Maroc. L’homme
avait une belle prestance et l’apparence
soit d’un guide touristique soit d’un bon
samaritain pour touristes soit d’un
agent…,
mais c’est une autre histoire. La journée
s’annonçait radieuse et fraiche dans le
désert. C’était ma première expérience de
progression seule sur piste et hors-piste.
Rapidement avec mes prothèses
technologiques je pris de l’assurance
allant de waypoint en waypoint soit sur
piste soit hors-piste tirant sur le
waypoint suivant avec le compas du GPS.
Vers 12h30 des nuages s’amoncelèrent et
une forte pluie accompagnée de grêle
s’abattit sur la piste, fichtre ! La
tempête dura une demi-heure lorsque
j’atterris devant le seul arbre de la
région. Je dois reconnaitre que la
progression seule dans des paysages
désertiques somptueux est enthousiasmante
et, je ne pouvais pas ne pas penser aux
découvreurs du début du 20e
siècle, quelle splendeur !
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Bergers dans l'oued Charef |
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Piste Ra, grêle on the track |
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Il pleut, un arbre ! |
Le Grand Ghilen
J’arrivais au km 238, les Rochers du Grand Ghilen
découverts en 1914 par E. F. Gautier. Il
était 15h15. Je décidais d’y établir mon
bivouac et d’aller à la recherche des
gravures rupestres.
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Rochers du Grand
Ghilen |
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Gravures rupestres |
Bordj Ali ou Hadid
Ma première visite de mardi matin fut
d’aller trouver les gravures rupestres du
Bordj Ali ou Hadid en hors-piste. Mais
je cherchais vainement la dalle aux
gravures géométriques.
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Gravures rupestres |
Piste Rb
Puis ce fut la progression sur la piste Rb
annoncée : sympathique et facile… Hélas tel
n’est pas mon avis. Car je galérais à deux
occasions. La progression dans le lit de
l’Oued Sebkha fut stopper par une guelta, il me fut
impossible de sortir au waypoint donné (km
21,5) Il me fallut montée sur la rive et
chercher à redescendre plus loin pour
rependre la progression selon le guide.
Gandini affectionne le lit des Oued ! La
deuxième galère fut la progression en
hors-piste du km 50 au km 68,2, ce ne fut
qu’une succession de ravines à flanc du
Jebel Mahrech dont certaines très
profondes requérant la recherche d’un
passage possible. Dans l’une de ces
ravines, l’angle de fuite du camion fut
trop faible, l’arrière porta. Je dus
remblayer avec des rochers sous les roues
pour le dégager. Il me fallut un certain
temps… Les conditions climatiques creusent
les ravines chaque année, Gandini devrait
le savoir. De plus il n’y a pas
d’échappement possible il faut progresser
pendant 18,2 km. Plusieurs fois le camion
porta sur les berges des ravines,
j'espère sans dommage. Las, je
m’arrêtais pour bivouaquer au monument
Estienne, km 113,2.
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Angle de fuite
insuffisant ! |
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Monument Estienne |
Moyen Atlas
Midelt
La matinée du mercredi 5 novembre commença par l’achèvement de la
progression sur la piste Rb du Monument
Estrienne km 113,2 au km 141.
Mais avant le départ
je fis le tour du camion ainsi que des
dessous pour faire l’inventaire des
dégâts de la piste Rb : plaque
minéralogique arrière arrachée ainsi
que ses feux d’éclairage, feu rouge
arrière gauche HS bien que le
clignotant fonctionne (LED), ampoule
veilleuse du phare avant gauche HS, en
dessous le réservoir d’eaux grises
bosselé en creux avec une petite
fuite. Puis la piste
était en très mauvais état par endroit la
rendant pénible. Je persiste la piste Rb
n’est ni sympathique n’y facile. Ensuite
ce fut de la route asphaltée dans de très
beaux paysages jusqu’à Midelt. En y
arrivant j’avisais un policier pour lui
demander où je pouvais faire faire un
plaque d’immatriculation arrière arrachée lors des
passages des nombreuses ravines. Je
trouvais la boutique dont le préposé me
dit qu’il avait l’habitude de faire des
plaques étrangères pour les 4x4 venant des
pistes ! En début d’après-midi le ciel
s’assombrit suivi d’un violent orage. En
route je vis que les sommets des montagnes
du Moyen Atlas étaient couverts de neige.
Les pistes Ca et Cb sont en altitude
jusqu’à +2000 m. En route vers le km 0 de
la piste Ca je fus pris dans une tempête
de neige à 1760 m d’altitude. Je ne
pensais pas que la neige tombait début
novembre à cette latitude. Je décidais
d’abandonner les pistes Ca et Cb et de
revoir mon plan de route.
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Histoire sans parole, wordless cartoon |
Les greniers des falaises d'Aouchgal
Piste La
La nuit passée sur le parking du
restaurant fut paisible et sécurisée. En
effet la gendarmerie royale passa la nuit
à contrôler la circulation au carrefour et
le restaurant fut éclairé toute la nuit.
Je me dirigeais vers le km 0 de la piste
La des Falaises d’Agouchgal sans grande
conviction eu égard aux pluies diluviennes
et la neige de la veille. Mais la journée
était ensoleillée. Au km 8,6 j’eus la
surprise de trouver un fléchage pour la
visite des greniers et une piste
praticable bien que très boueuse, cf.
photo. L’altitude est comprise entre 1800
& 1900 m. Alors que je prenais la piste à
travers champs pour voir les greniers aval
je fus rejoins par un quidam qui
m’interdit de progresser, était-ce le
paysan des champs que je labourais ? Je
rebroussais chemin. Au parking annoncé par
Gandini des greniers amont, il y avait
trois adolescents. Pour la sécurité de mon
véhicule je leur donnais 20 MAD en faisant
comprendre à deux d’entre eux de garder
mon camion et au troisième de me servir de
guide et, d’otage pour le cas où. La
descente vers la piste pour la visite est
scabreuse puis praticable sur la strate
vers les greniers qui sont de cahuttes de
pierres sèches adossées à la falaise. Leur
état est très dégradé sinon en ruine.
Elles étaient utilisées par les membres de
la tribu des Aït Abdi pour stocker les
grains, la laine, et autres provisions. Je
quittais le parking vers 12h00 pour
trouver un endroit paisible pour déjeuner.
Le site était enchanteur face aux falaises
avec au loin les montagnes couvertes de
neige, après réflexion je décidais d’y
bivouaquer risquant des problèmes en cas
de mauvaises conditions climatiques le
lendemain
matin. Un après-midi de repos sous le
soleil à 1900 m d’altitude par 7,5°C
était toujours bon à prendre. Ah j'oubliais,
je dégustais une deuxième large portion du
ragout de chamois de Christophe accompagné
de flageolets de Saint Eloi.
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En route |
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Les falaises |
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Les greniers & mon guide |
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Rencontre à la pause |
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Etat du camion au
bivouac, nécessité d'élargisseur d'aile |
Piste Lb
Le vendredi matin vers 7h00 je quittais le
bivouac devant un spectacle féérique. Le
km 0 de la piste Lb se trouve au gué de
l’oued Attach qu’il faut franchir avec en
entrée une ravine profonde. Gandini
raffole de progresser dans le lit des
oueds et de sauter les ravines. J’ai déjà
donné, il suffit :
"L’homme sage connait
ses limites" Clint Eastwood.
La piste
principale à partir de la maison
forestière de Tasraft est plein sud donc a
priori vers Taghzout. Je la parcourais en
constatant sur la carte digitale qu’elle
était dans la bonne direction. C’était
donc bien une piste de repli évitant la
progression dans l’oued. En effet je
rattrapais Taghzout pour reprendre la
progression de la piste Lb. Elle était
très boueuse et dangereuse dans les
descentes et les virages, le camion
chassait de l’arrière ! Finalement
j’arrivais à bon port à Tassent en
retrouvant l’asphalte.
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Paysage au lever du jour |
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Piste Lb, en lumière
rasante |
Le Haut Dadès
Piste N
Puis ce fut une étape de liaison par Imilchil et Agoudal
pour rejoindre la piste N du Haut Dadès à
l’inverse de la progression proposée par
Gandini. La piste se développe entre des
montagnes variant de 3000 à 4000 mètres
d’altitude dans des paysages quasi
désertiques sans neige sur la piste, et
c’est tant mieux pour moi. De plus la
piste est très bien marquée et non
boueuse. J’arrivais assez rapidement à Msemrir mais hélas sans rencontrer des
emplacements de bivouac tant la piste est
étroite. Puis c’est une route goudronnée
jusqu’à Boumalne du Dadès. Ouf, un
terreplein à peu près plat non loin de la
route, j’y établis mon bivouac.
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Jebel Arhen Bou n'Ouerz,
Sommet du Tizi n'Ouerz |
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Le Haut Dadès |
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Msemrir, champs cultivés |
En route vers Boumalne
du Dadès
La samedi 8 octobre fut une petite journée
de route et de piste. Je descendis du Haut
Dadès par les gorges jusqu’à Boumalne
du Dadès pour faire le plein de gazole.
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La descente dans
les gorges du Dadès |
Le Mgoun
Pistes Ma & Mb
Puis
j’allais jusqu’à Kelaa des Mgouna pour
parcourir les pistes Ma & Mb. La piste Ma
est asphaltée jusqu’au km 34 et la piste
Mb jusqu’au km 9,9. Les DPM doivent être
très déçu, (DPM = dévoreur, dégustateur,
découvreur de poussière et de paysages
marocains, dixit Gandini !).
Les 10 derniers km de
piste pour arriver à Aguerzaka me
rappelaient étrangement les paysages
désertiques du Ladakh que j’avais
parcourus dans une vie antérieure en
randonnées puis avec le camion MAN.
Les maisons ont en adobe comme au
Ladakh, les mêmes causes produisent les
mêmes effets à plusieurs milliers de kilomètres. Je ne souhaitais
faire la randonnée proposée par Gandini.
Par contre je demandais l’autorisation de
stationner sur un terreplein, elle me fut
refusée. Je repris la piste de retour pour
bivouaquer plus loin.
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Bergeries creusées dans la
montagne |
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Village Aguerzaka |
Retour à Boumalne du Dadès
Le dimanche 9 novembre je retournais à
Boumalne du Dadès pour m’établir au
camping Soleil Bleu dans la cour de l’Hôtel,
pas très réjouissant. De plus il n’y a pas
de connexion à vis sur les robinets d’eau
pour remplir les réservoirs.
Un vent violent se leva vers midi
accompagné de pluie.
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en route |
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Boumalne du Dadès |
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Camping Soleil Bleu |
Dernières minutes
Le feu rouge arrière gauche
Il s'agissait du
fusible n°1 ! Je n'avais
pas suspecté les fusibles. Ce qui m'a
amené à les contrôler c'est un phénomène
étrange. J’émets en radio amateur sur les
fréquences 14.000 pour envoyer les
positions reports à winlink. Je remarquais
qu’une de ces fréquences faisait
fonctionner la condamnation centralisée
des portes. Aujourd’hui ce phénomène c’est
répété plusieurs fois pendant l’émission
du message. Finalement je vérifiais si la
condamnation centralisé fonctionnait, eh
bien non. C’est alors que je pensais aux
fusibles et je découvrais le fusible N°1
HS. Je dois dire, sauf à connaitre
l’allemand, que la description de l’usage
des fusibles est absconse. Mais aucun
fusible n’est semble-t-il en cause pour la
condamnation centralisée que ne fonctionne
donc plus. Ce n’est pas essentiel
mais c’est handicapant pour l’avenir et
pour l’usage des fréquences radio amateur.
Je ne sais pas si Mercedes et/ou SudCom,
installateur de la radio amateur, auraient
un avis sur le sujet, à suivre.