Le vendredi 20 octobre je quittais la Villa Thébaïde pour être "on the road again" vers le Portugal. En route je m’arrêtais à Martigues chez PSI pour faire changer la caméra de recul où je rencontrais un équipage avec lequel j’avais eu un rendez-vous à la frontière du Costa-Rica, ici. Je partis de Martigues vers midi pour bivouaquer sur une aire de service peu avant la frontière espagnole sans contrôle, Espace Schengen. Le samedi matin j’abandonnais sans regret le parking sous la pluie pour m’arrêter à 19h30 sur le petit parking de Tui à la frontière du Portugal où se trouvaient déjà deux camping-cars british, le Brexit n’est pas encore institué ! Pour me préparer à visiter le Portugal je restais le dimanche sous un soleil timide à 17 m d’altitude. La ville de Tui est une étape sur la route de pèlerinage de Porto à Santiago de Compostela. J'avais parcouru 1.560 km en deux jours.
Le lundi 23 octobre j’entrais au Portugal par un pont Eiffel avec un décalage horaire de moins une heure avec la France, en effet l’heure légale du Portugal est celle du méridien de Greenwich. La journée s’annonçait ensoleillée avec un fond de l’air frais. Cette première journée je la jouais petit-bras pour prendre mes repères en parcourant la vallée du Minho, frontière avec l’Espagne. Valença est la ville jumelle de Tui de part et d’autre du Minho. Ce sont deux villes fortifiées dès le 14e siècle pour garantir l’indépendance des deux états. D’ailleurs les deux autres villes de la vallée sont aussi fortifiées à la Vauban, Monçao et Melgaço où j’établis mon bivouac dès 14h00. En route je fis un détour pour prendre de la hauteur au Monte de Faro. Je m’arrêtais donc de bonne heure car il semblerait que les lundis tout soit fermé, sauf les églises, Dieu est toujours disponible pour ses ouailles !
La journée du 24 octobre était dédiée à la Serra da Peneda qui me permit d’explorer un château en ruine et surtout de spectaculaires greniers à grains, espigueiros, réalisés en granit juchés sur pilotis et surmontés de croix chrétiennes pour le séchage des grains. En route après la montée au château j’escaladais les 300 marches du Santuario de Nossa Senhora da Peneda pour l’absolution de mes fautes ! J’échouais harassé à Ponte de Lima pour admirer un splendide pont romain de 277m de long et de 16 arches pour 4 mètres de largueur. Certes il fut restauré au 14e siècle. Pour me gratifier je m’installais à la terrasse d’un café face au pont pour déguster un verre de Vinho Verde, rafraichissant ! Puis je parquais le camion au bord du fleuve Lima pour une nuit réparatrice après le travail administratif.
Azulejos, tableau fait de carreaux de terre cuite |
La ville est tournée vers la mer entre le fleuve et la montagne. Elle doit sa richesse au commerce avec le Brésil. Le centre historique s’organise autour de la Praça da Républica bordée de jolies maisons de style Manuélin et Renaissance. De l’ancien hôtel de ville ne subsiste que la face à côte de l’hôpital de la Miséricorde dont l’église offre des murs couverts d’azulejos et le maitre-autel de bois doré. Bien sûr d’autres églises attirent le chaland en quête de lieu de recueillement. A l’est de la ville à défaut d’un pont romain se trouve un pont Eiffel enjambant le fleuve Lima. Je ne visitais par le musée des Arts décoratifs au motif de No Photo. J’établis mon bivouac sur l’immense parking au bord du fleuve par paresse de chercher un autre endroit.
A estação |
Je quittais Viana do Castelo à la pointe du jour car prenant l’autoroute je devais trouver la borne Easytoll pour enregistrer ma carte de crédit et la plaque d’immatriculation de mon véhicule car les autoroutes du nord et du centre du Portugal sont FreeFlow. Elle se trouve à côté de l’aire de service au sud de Viana, bingo je la trouvais. Je poursuivis ma route jusqu’à Braga où j’avais repéré un parking en surface près du centre-ville. Je commençais mon parcours initiatique vers 9h00 pour l’achever à 12h00 retour au camion. J’avais fait une sélection drastique pour économiser mes jambes et ma pathologie ! La cathédrale retint mon attention avec ses chapelles, son maitre-autel et surtout ses deux buffets d’orgue de part d’autre de la nef. Le trésor exposait quelques belles pièces d’orfèvrerie en or incrustées de pierres précieuses. Ensuite je visitais le Palacio dos Biscainhos hébergeant le musée éponyme exposant notamment un somptueux chapelet tibétain de têtes de mort en ivoire. De retour au camion je passais devant l’antigo Paço Episcopal en face d’un jardin où trône la fontaine de Sainte Barbe. A environ quatre kilomètre j’escaladais un grand nombre de marches pour admirer le sanctuaire de Bom Jesus précédé d’un monumental escalier baroque. Après deux sanctuaires chrétiens atteints dans la douleur j’espère que mon karma s’est amélioré ; je suis un fervent œcuméniste ! J’allais poser mon bivouac sur un parking peu avant Gérès au bord d’un lac artificiel.
Borne Easytoll |
A estação |
Bivouac at the bridge |
Le vendredi 27 octobre je
parcourais la Haute vallée du Cavado avec pour objectif de visiter les
ruines romanes d’un monastère bénédictin construit au 9e
siècle à l’époque wisigothique. En route je découvris les ravages des
récents incendies du début octobre ; j’ai beaucoup de difficultés à
croire à des déclenchements dus à des conditions climatiques extrêmes.
D’ailleurs les autorités administratives ont laissé entendre à des actes
intentionnels ! Beaucoup de villages sont accrochés à flanc de
montagne ; je suis surpris de la densité d’urbanisation du Portugal.
Certes après deux années passées aux Amériques je suis revenu dans la
vielle Europe où l’espace est restreint. Mes bivouacs ont été des
parkings, je suis heureux de pouvoir rester en pleine nature quoiqu’il
semble que le camping sauvage soit prohibé au Portugal.
Les lecteurs pourront
s’étonner de ma prose parsemée d’anglicismes. Je les incite à lire
l’ouvrage de Régis Debray, "Civilisation, comment nous sommes devenus
Américains". Préoccupant !
Au menu du 28 octobre je visitais à Chaves le pont romain construit sous l’empereur Trajan au 2e siècle. Puis à l’entrée de Bragança le monastère bénédictin de Castro de Avelas construit 12e siècle dont il ne reste que l’abside et le clocher en avant-scène. Bragança est une ville frontière dont la ville basse est autour de la cathédrale à la Paça da Sé. La ville haute est entourée de muraille et se groupe au pied du donjon haut de 33 mètres. L’aire de service réservée aux camping-cars est au pied de la ville haute. Cette partie du Portugal est située en moyen montagne avec une altitude d’environ 1100 mètres. La route dont la surface est de bonne qualité, serpente en montagnes russes parmi des pâturages étriques et de vignes maigrichonnes.
Azulejos, tableau fait de carreaux de terre cuite |
Le dimanche 29 octobre fut encore une belle journée quasi printanière bien que la température matinale fut de 11°C. Malgré tout la forêt avait pris des teintes automnales mais de-ci de-là les incendies avaient laissé des traces à flanc de montagne laissant augurer des écobuages sauvages ! Je fis trois arrêts. Le premier à Miranda do Douro visitant la vielle ville ceinturée de ses murailles médiévales avec au centre la cathédrale dotée d’un somptueux retable d’Hernandez et Velázquez ainsi que d’un enfant Jésus coiffé d’un haut-de-forme et agrémenté d’une garde-robe complète. Puis je fis un détour pour voir l’un des cinq barrages construit sur le Douro frontière naturelle avec l’Espagne. Finalement à Freixo de Espada-a-Cintra l’ancienne ville fortifiée dont il ne reste que le donjon surplombant la cathédrale et le cimetière était déserte et les curiosités fermées aux touristes. Au loin j’ai entouré les tours de télécommunication au pied desquelles j’ai bivouaqué.