Le mardi 26 décembre en quittant le lac artificiel de Póvoa mon premier arrêt fut à Elvas, inscrit au patrimoine de l’Unesco en 2013 comme place forte entourée de remparts et occupée par les Maures en 1226. Le centre historique autour de la Praça da República attire l’attention par la Sé, cathédrale gothique d’origine mais réédifiée en style manuélin, par le Lago de Santa Clara avec en son centre le pilori du 16e siècle, et par le castelo bâti par les Maures. En ce jour du 26 décembre tous les monuments étaient fermés. A la sortie de la ville je longeais l’impressionnant Aqueduto da Amoreira construit de 1498 à 1622. Il épouse les escarpements des collines sur 7,5 kilomètres. Il alimente toujours la ville en eau. Je poursuivis ma route jusqu’à Évoramonte dont le castelo sur une colline domine la plaine alentours avec son énorme donjon. Je bivouaquais au pied du château.
Le mercredi 27 décembre était dédié à la visite d’Evora inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, ici. Le temps n’était pas favorable, un crachin tombait quasi en permanence rendant le parcours pénible et humide. En conséquence j’abrégeais en me limitant aux monuments les plus significatifs de cette ville conquise par les Maures en 715 après avoir été romaine puis wisigothe et enfin reconquise par les chrétiens en 1165. Indéniablement elle garde les traces de ces différentes époques, témoins le Templo Romano ainsi que des vestiges de murailles ici et là. Au détour d’une rue la Caixa de Agua atteste de la distribution de l’eau par un aqueduc construit au 16e siècle. Elle est riche en églises et couvents de tous les ordres religieux tant moines que nonnes. La cathédrale est la pièce la plus significative de la piété à l’époque médiévale, par ses deux puissantes tours crénelées, par son cloître gothique et par sa nef voutée en berceau dans laquelle figure une vierge parturiente faisant face à l’archange Gabriel ainsi qu’un orgue de 1562 considéré comme le plus ancien d’Europe. Du trésor du musée je retins plus particulièrement, une Descente de la croix de Gregorio Lopes, le reliquaire de la vraie croix et une Vierge ouvrante en ivoire finement ciselée. En cheminement sous le crachin j’atteignis le Largo da Porta de Moura où se trouve une fontaine Renaissance sur fond des tours de la cathédrale ainsi que l’élégante loggia mauresque. En courbant l’échine je retournais à mon véhicule pour me mettre à l’abri. Je bivouaquais sur place.
Le jeudi 28 décembre fut encore une journée de pluie et brouillard. Je longeais la frontière espagnole qui est constellée de castelos côté portugais pour défendre l’indépendance du royaume après la reconquête du territoire sur les Maures. Bien sûr je ne les visitais pas tous me concentrant sur les plus significatifs, Monsaraz et Mértola. Monsaraz était dans le brouillard à 9h00 du matin. Il est animé de mannequins représentant des villageois en activité. Mértola est construite au bord d’une rivière dont le castelo est à l’état de ruine sauf le donjon restauré. Souhaitant monter au château je suivais les panneaux indicateurs pour me trouver dans une rue très étroite et finalement dans un virage à droite qui nécessita plus d’une dizaine de manœuvre avant-arrière pour le négocier, J’ai cru ne pas pouvoir m’en sortir sans dégât du camion. Mais je passais, ouf ! Derechef je montais à pied au château. Je bivouaquais sur un parking à l’extérieur du village.
Le vendredi 29 décembre je passais la matinée à visiter la ville de Beja et plus particulièrement l’Antigo Convento da Conceicão qui abrite le Museu da Rainha D. Leonor, puis l’Igreja de Santo Amaro qui regroupe l’art sculptural de l’époque wisigothique. Mais en arrivant à Beja le brouillard recouvrait encore la ville en conséquence je m’installais dans un café pour un complément de petit-déjeuner avant mon parcours culturel. Le couvent des clarisses fut fondé en 1459. La chapelle baroque fut décorée au 17e et 18e siècle avec à profusion des bois dorés ainsi que des azulejos pour le cloître. Le point d’orgue est la salle capitulaire richement décorée de peintures et d’azulejos. Dans les salles adjacentes je retins l’exceptionnel Ecce Homo de l’école portugaise du 15e siècle. L’Igreja de Santo Amaro est d’origine wisigothique du 6e siècle, elle sert de musée de l’art éponyme dont certaines pièces témoignent du remploi lors de l’occupation des Maures. En extrême fin de matinée je me dirigeais vers l’océan pour bivouaquer à Porto Covo sur le front de mer.
Gargouille, Gargoyle |
Le samedi 30 décembre le soleil ne réchauffa pas l’atmosphère avant 11h00. Le brouillard stationnait sur le paysage ainsi que sur la côte de l’océan atlantique quand je passais au Cabo Sardão. Par contre à mon arrivée à Odeceixe le ciel était bleu et la plage resplendissante. Je bivouaquais sur un parking dominant la baie.
Cabo de Sardão |
Bivouac Odeceixe |
Le dimanche matin, dernier jour de l’année 2017, je parcourais dans le brouillard la côte sud-ouest du Portugal, L’Algarve. Comme je m’y attendais les emplacements de stationnement de camping-cars étaient bondés principalement de portugais mais aussi d’allemands et de nordiques, hollandais et suédois. Après un court arrêt à Lagos pour visiter l’Igreja de Santo António, No Photo, pour admirer la décoration ainsi que le plafond en trompe l’œil, je poursuivis ma route vers le Barragem do Arade où je pensais trouver un bivouac paisible pour deux jours. Que nenni j’arrivais sur un emplacement assez exigu occupé par une colonie allemande en ligne sur le pourtour et en carré au centre pour l’emblématique "Stammtisch" regroupant les membres autour bien sûr d’une bière. Je n’avais plus d’autre choix, je restais.
Infante D. Henrique |