Selon la procédure bien établie depuis mon entrée au Kruger NP, je me présentais à la réception du Lower Sabie Camp, puis je cherchais un emplacement de bivouac qui sont réputés très étroits, c'est exacte. Le buffle, animal très dangereux, est très prévenant pour le covoiturage des oiseaux qui, en contrepartie, le débarrassent des parasites incrustés dans sa peau. Le lendemain je fus impressionné par les troupeaux d'éléphants accompagnés des nouveau-nés que le groupe entoure pour les protéger. Sur la piste il faut rester loin car le groupe peut devenir agressif. A mon grand étonnement les impalas ont aussi recourt au covoiturage des oiseaux pendant qu'ils leur nettoient les oreilles et épouillent leur dos des parasites. La nature a ses services paramédicaux. L'homme n'a rien inventé, le Très-haut y a pourvu ! Chaque espèce a une vie sociale très élaborée ; de plus la cohabitation des herbivores tant pour l'herbage que pour l'eau se fait dans une bonne entente avec une préséance selon le masse de l'impétrant. Ainsi au point d'eau lorsque les éléphants arrivent les frêles impalas cèdent la place puis reviennent timidement.
Mercredi 28 novembre j'arrivais à Satara Rest Camp pour trois jours. De Lower Sabie à Satara la moisson d'animaux sauvages fut maigre. La chaleur était intense, +38°C à l'ombre. Les animaux étaient cachés, tels les éléphants en groupe sous un arbre parasol. Je m'arrêtais au barrage d'Orpen dont l'observatoire domine la retenue d'eau très réduite en cette saison. Avec les jumelles j’aperçus six crocodiles contrairement au dicton qu'il n'y a pas deux crocodiles dans le même marigot ! En fait il s'agit d'une métaphore concernant les rapports humains entre les membres de groupes mafieux. Je restais environ une heure à l'ombre de l'observatoire pour voir la technique d'encerclement de deux crocodiles, d'abord d'un échassier puis d'un grysbok, mais sans succès pour leur repas. Avant de partir j'eus la visite d'un petit animal que j’identifiais, sans certitude, à une mangouste. En fin d'après-midi un violent orage s’abattit sur le bivouac, une véritable tornade, des coups de tonnerre retentissants et des éclairs fulgurantes. La température dans mon véhicule chuta brusquement de 42°C à 38°C en moins de 20 minutes pour se stabiliser à 26°C une heure plus-tard. Mais la pluie fut clairsemée et dura peu. La nuit fut calme et fraiche. Le lendemain je partis au petit-matin avec une température de 19°C qui monta à 22°C seulement sous un ciel couvert et venteux. Les animaux étaient toujours absents, des impalas, bien sûr, deux ou trois girafes affamées et quelques éléphants et leur progéniture. Mais à un point d'eau, sans eau, je découvris un spectacle surprenants, des aigles, des vautours et une carcasse d'animal sur le sol ; un festin avait eu lieu et, les rapaces avaient dû finir les restes d'ailleurs un chacal rodait alentours. Le troisième jour je commençais par un point d'eau et au bonheur avec de l'eau pour les animaux. Je stationnais en attendant la venue des buveurs. En une heure la succession fut un puis des chacals. Leur soif étanchée ils partirent. Puis les hyènes vinrent en nombre. Je quittais l'abreuvoir. Je poursuivis ma quête d'animaux sauvages jusqu'à mon retour au bivouac.
Samedi 1er décembre je quittais Satara à la pointe du jour. J'eus le privilège de découvrir trois lions vautrés dans la savane. Lorsqu'ils s'ébrouèrent je vis un lion entouré de deux lionnes. Il fit un gros câlin à sa partenaire de droite sur la photo puis se détourna vers celle de gauche. Déçue celle de droite eut un immense chagrin et poussa un hurlement, s étira puis disparut dans la lumière rasante du soleil levant. Après cette scène typique du théâtre de vaudeville de l'éternel féminin, je poursuivis ma route en admirant des herbivores prenant leur petit-déjeuner en émondant les arbres alentours. J'arrivais à un point d’eau dont le pourtour était occupé par des singes baboons. Lentement de belles impalas allaient majestueusement vers le point d'eau pour s'abreuver. Mais elles furent chassées par les singes irascibles et dominants. Un impala de haute taille et encorné baissa la tête et chargea les baboons. Les belles impalas purent boire à satiété. Les rapports de force, le territoire et l'histoire des espèces appartiennent au règne animal. Les baboons, en devenir d'homo sapiens sapiens, auraient-ils déjà assimilé la géopolitique ? Sur la piste je rencontrais une girafe accompagnée de sa progéniture marchant d'un' allure altière sur le côté gauche ; le colonisateur britannique avec dicté sa loi. La girafe n'utilisait pas le système métrique. Pourra-elle immigrer au Royaume Uni après le Brexit ? Finalement un Southern Ground Hornbill m'indiqua la piste pour aller au Olifants Rest Camp où j'avais réservé un chalet climatisé pour deux jours. Le lendemain dimanche sous un soleil ardant je parcourus les pistes alentours au bord de l'Olifants River en basse eau. Peu d'animaux étaient visibles. De retour au Camp j'achetais une peluche du Roi Lion, mon signe zodiacal.
Lundi 3 décembre fut mon dernier jour dans le Kruger NP d'Olifants à Letaba. En partant je constatais qu’il avait plu dans la nuit rafraichissant l'atmosphère. Je m'attendais à voir beaucoup d'animaux, ce ne fut pas le cas. Dans l’Olifant River des hippopotames s'ébrouaient en disparaissant sous l'eau puis réapparaissant et jouant ensemble. Dans un coude de la piste je me trouvais face-à-face avec un éléphants énorme ; il avançait lentement mais inexorablement. Je ne pouvais pas le passer au risque qu'il devienne agressif ; je reculais de 50 mètres, il avançait toujours, je reculais de nouveau et de nouveau ; environ 300 mètres. Enfin il quitta la piste pour aller dans les arbustes. Puis je fus le témoin d'une étrange scène. Un oiseau, comme ceux qui sont sur le dos des buffles ou qui curent les oreilles des impalas. Mais là il s'agit d'une girafe qui a un objet non-identifié, une branche ou un serpent ! dans son oreille droite. L'oiseau tente une extraction certainement douloureuse car la girafe s'ébroue et disparait de me champ de vision. Pour clore ce voyage au Kruger NP, un arbre au tronc gigantesque, peut-être un baobab !
Je ne vais pas disserter sur les avantages et les inconvénients du Kruger NP. C'est un parc merveilleux pour découvrir les animaux sauvages. J'y passais 14 jours en parcourant 1490 km dont vraisemblablement 90% de terre battue très souvent couverte de tôle ondulée à une vitesse allant de 5 à 10 km/h à la recherche visuelle des animaux souvent blottis dans les herbes. Kruger NP est 360 km de long sur 60 km de large. Certaines espèces sont pléthoriques comme les impalas, les zèbres etc. Par contre les lions sont environ 1700, les léopards 1000 et les guépards seulement 120. Je fus chanceux !