Népal, Kathmandu-Lhasa

Ce voyage fait suite aux voyages au Tibet en août 1990 et au Bhutan en février 1991 au cours desquels j'ai découvert la civilisation tibétaine et qui m'ont incité à visiter le Népal, deuxième dernier royaume de l'Himalaya. J'ai organisé le séjour de sept jours à Kathmandu à partir de la France et j'ai acheté sur place un voyage de neuf jours à Lhasa.

Le circuit a été fait en 1991, du 01 mai au 19 mai. Le vol Air India est parti avec un jour de retard de Paris conséquence d'un arrêt technique à Frankfurt. A l'arrivée à Delhi, la correspondance n'était plus assurée pour Katmandu, de plus j'ai quitté la zone de transit sans visa. Après plusieurs heures de négociation, j'ai embarqué sur un vol pour KTM.

Des commentaires généraux sont donnés par la présentation du royaume népalais, Népal. Cette présentation historique se confond avec la vallée de Katmandu. En 1482 le royaume de la dynastie Malla fut partagé entre les trois fils de Yaksha Malla dont les capitales sont Katmandu, Patan, Bhaktapur. En 1763 le royaume fut réunifié et Katmandu fut la capital unique.

Il est habituellement admis qu'une ville se visite à pied, je n'ai pas  dérogé à cette règle d'autant plus que le mois de mai dans la vallée fut merveilleux voire un peu chaud. Les monuments ne seront pas décrits en détail, de nombreux ouvrages, savants ou non, sont très bien documentés et il est conseillé de se les procurer pour la visite des sites.

Le récit est en trois tableaux accompagnés de trois thèmes concernant les lieux visités à Katmandu. 
Le trajet vers Lhasa fait l'objet du même découpage. Les commentaires généraux sont donnés par la présentation du Tibet.

Katmandu

Kathmandu

Swayambhu

Pashuptinath

Bodnath

L'architecture newari. Les monuments de la vallée datent, pour les plus anciens, du 17e siècle. L'architecture népalaise a peu varié dans le temps, aux décorations près.
L'architecture newari est représentée par le temple en briques avec un toit à niveaux superposés et rétractés construit sur un soubassement avec un nombre de marches plus au moins grand. Le nombre de niveaux du toit, généralement de deux peut aller jusqu'à cinq.

Katmandu. La ville est structurée autour de son Dubar Square. Je me suis promené plus de deux jours pour découvrir non seulement les vestiges du passé mais aussi la quotidienneté au détour des nombreuses ruelles, véritable chasse aux trésors. L'architecture des monuments est remarquable par la composition, l'association du bois et de la brique et les sculptures.

Swayambhu. Le stupa daterait d'avant l'ère chrétienne, il domine la vallée. Son nom signifie, celui qui est né de lui-même. Je l'ai visité en fin d'après-midi pour avoir le soleil couchant en empruntant l'escalier peuplé de singes. La circumambulation dans le sens des aiguilles d'une montre permet de découvrir des chaitya où les singes jouent.
 

Pashupatinath. Le temple hindou construit au bord du Bagmati en 1694 est l'un des plus sacrés de la vallée. A partir des terrasses sur le côté opposé de la rivière il est possible d'assister le matin à des crémations. Le temple est interdit aux non-hindouistes. Au sien d'un petit bois le temple de Gujeswari avec un skihara est dédié à Goraknath.

 

 

Bodnath. Je suis allé à Bodnath à pied à partir de Pashupatinath en traversant le Bagmati. Le stupa est le plus vénéré de la vallée, il est enclos dans un ensemble de maisons habitées par des Tibétains formant un village pittoresque. Le chaku, base du pinacle, est peint des yeux du Bouddha au regard fascinant, entre les yeux le chiffre 1 en écriture devanagari symbolisant l'unicité du Bouddha.


La ville de Bhaktapur est atteinte avec le trolleybus partant près du stade municipal au sud de la ville et suivant la route chinoise vers la frontière. Je suis allé à Patan en traversant le Patan Bridge de la Bagmati près de l'arrêt du trolleybus.

Bhaktapur, Patan

Le temple hindou. Son origine est indienne, il est apparu au Népal au 17e siècle. Il est construit en briques et en pierres. Sa forme géométrique est carrée ou rectangulaire. Sur un soubassement avec un nombre de marches plus au moins grand, les arcades à colonnes sur plusieurs niveaux se terminent par une élévation en forme de clocher incurvé, shikhara. Le Mahabaudha de Patan est un exemple fameux.

Patan. La deuxième capitale de la vallée est aussi une ville musée, mais il faut savoir trouver les temples, pagodes, sanctuaires, bassins et autres oeuvres d'art. Le Dubar Square est situé au coeur de la ville à l'intersection de deux rues formant le Mangal Bazar. A partir de Dubar Square deux très belles promenades permettent de trouver les autres curiosités.

Changu Narayan.  Ce site a été visité en prenant un taxi à partir de Bhaktapur. Il est le plus ancien site religieux hindou de la vallée. L'architecture des temples ressemble à celle des autres sites de la vallée. Mais l'intérêt réside dans les nombreuses statues de la vaste cour. Loin des circuits touristiques, le site est un havre de paix et de recueillement.

 

Bhaktapur. La troisième capitale de la vallée est une ville musée qui a su conserver son caractère ancestral par son activité artisanale. Le Dubar Square n'est pas le centre ville situé au Taumadhi Tol. L'accès à la plupart des cours du palais royal est interdit. La visite de la ville se fait par de petites ruelles aux échoppes accueillantes aux touristes et remplies de moments de plaisirs et d'émerveillements.

Patan

Changu Narayan

Bhaktapur


Les autres sites ont été visités en taxi à partir soit de Kathmandu soit de Patan.

Budhanilkantha, Gokarna Mahadev, Kirtipur,

Budhanilkantha

Gokarna Mahadev

Dakshinkali

Le temple bouddhique. Deux monuments caractérisent la religion Bouddhique. Le stupa dédié au Buddha dont il contient une relique, est construit en dur de forme demi hémisphérique surmontée d'un pinacle à treize niveaux. La base carrée du pinacle, chaku, est  décorée d'une paire d'yeux, regard du Buddha. Le vihara est un monastère construit sur deux étages érigés autour d'une cour intérieure carrée. Le sanctuaire est à l'opposé de l'entrée de l'autre côté de la cour.


Budhanilkantha. Ce lieu de pèlerinage dédié à Vishnu est constitué d'un bassin carré avec en son centre une statue du dieu allongé sur un lit de naga. Elle est honorée tous les jours par les fidèles qui déposent sur son front la poudre rouge de sindur et des pétales de fleurs.

Gokarna Mahadev. Le centre religieux hindou a été fondé au 14e siècle sur la rive orientale du Bagmati. De style newari, le temple à trois étages est dédié à Shiva. Bien avant le site était bouddhique, chaque année un important festival a lieu réunissant les fidèles newari.

Kirtipur. A la différence des autres villes de la vallée, elle est construite sur deux collines et les véhicules sont interdits. La visite présente l'intérêt d'une ville restée typiquement newar notamment les maisons d'habitation avec leur toit renforcé par des étais obliques.

Dakshinkali.  Le sanctuaire est dédié à la déesse Kali qui requiert comme offrande le sang des sacrifices pour écarter les influences néfastes et délivrer l'existence humaine des cinq vices fondamentaux, à chacun  correspond un animal mâle déterminé.


Le voyage à Lhasa s'est effectué en minibus pour l'aller et en avion pour le retour à Katmandu. Le groupe de douze personnes était international, européens, américains, canadiens et australiens.

Zhangmu, Xegar

La route :
Le trajet de Katmandu à Lhassa emprunte la route construite à partir de 1955 et terminée par le pont de l'Amitié vers 1966. Après l'invasion du Tibet par les Chinois en 1950, les Tibétains déclaraient qu'il restait environ 13 temples dont trois sur la route Kathmandu Lhassa. Le route, chemin de terre carrossable, traverse un décor majestueux aux vues splendides sur les sommets de l'Himalaya. Dans le sens du Népal vers le Tibet, le contraste est saisissant entre la vallée verdoyante et cultivée de Katmandu et le plateau désolé et aride du Tibet.

En 1991 il était impossible d'obtenir un visa individuel pour la Chine, il était donc nécessaire d'acheter un circuit organisé par un voyagiste. Le trajet pour Lhasa a pris quatre jours dans des paysages époustouflants à une altitude de +4.000 m dans un froid sec et venteux.
Le passage de la frontière a été un moment de bravoure. A partir du Pont de l'Amitié, il nous a fallu escalader une pente d'éboulis pendant environ 1 heure 30 en portant les bagages, la route était coupée par des glissements de terrain. Les formalités douanières furent expédiées promptement, mais à l'hôtel les passeports furent repris avec un dollar.

Zhangmu. La vision est dantesque, village accroché à une gorge vertigineuse, route boueuse serpentant entre les maisons agrippées à la pente dans la brume.

Xegar Dzong. La route de 250 km a été faite en 9 heures avec des arrêts, à Tingri, pour le déjeuner. La route est en terre battue mais roulante. Le col de Lalung-La, 5.050 m, a été lent à monter. Le village, le château de cristal blanc, est dominé par les ruines de la forteresse et le monastère de l'école Sakyapa contient une statue de Padmasambhava.

No man's land

Zhangmu

La route


La route, 290 km, pour Xigaste est parcourue en 9 heures 30 avec le passage du Lhakapa-La à 5.220 m. Après le col,  les parcelles des champs cultivables sont en période de labour préalable à l'ensemencement. Le temps est clair et ensoleillé.

Xigaste, Gyangste

Sakya

Tashilhumpo

Gyangste

Sakya. Avant d'arriver à Xigaste, le grand temple, Lhakahng chenmo, contient de véritables trésors artistiques et historiques. Il daterait du 13e siècle et couvre une superficie de 15.000 m2 entourée d'une muraille avec huit tours à créneaux. Certains manuscrits seraient de l'époque Song, de 960 à 1279 et de l'époque Yuan, de 1280 à 1368.

 

 

Tashilhumpo. A Xigaste, ce grand monastère a été construit en 1447 par le 1er Dalaï Lama. C'est la résidence du Panchen Lama, réincarnation de Amitabha, l'un des cinq Dhyani-Buddha. Le monastère est très vaste et très complexe à visiter, 17 bâtiments. De plus il était interdit de photographier à l'intérieur des salles.

Shalu. A quelques kilomètres de Xigaste, fondé en 1040, il a été agrandi par le grand érudit Butön en 1333. Il est l'unique exemple d'un style sino-tibétain avec des influences newar reconnaissables aux multiples décors de végétaux, aux compositions géométriques.

La route, 90 km pour Gyangste, est parcourue en 2 heures avec le passage du Lhakapa-La à 5.220 m.

Gyangste. Ville à l'intersection des routes allant soit vers l'Inde, soit vers le Népal ou le Bhutan, possède un  fort construit en 1365 et le monastère en 1418. De la révolution culturelle subsistent l'extraordinaire stupa, Kumbum et le grand temple, Palkhorchöde.


La route,  250 km, est parcourue en 8 heures avec le passage de deux cols, le Karo-La, 5010 m, et le Kamba-La, 4794 m. La ville de Lhasa est à 3630 m au bord la rivière Kyi-chu dans la vallée la plus fertile du Tibet.

Lhassa

Potala. L'édifice est majestueux et imposant par ses dimensions, il comporte environ mille pièces. Il couvre le sommet d'une colline et domine toute la cité. Les murs légèrement inclinés vers l'intérieur, le rétrécissement des fenêtres vers le haut accentuent l'effet de perspective du bâtiment. La blancheur de la partie inférieure, l'ocre rouge de la partie centrale, la dorure des toits en pagode confèrent la majesté de ce palais unique en Asie.
Il fut édifié de 1645 à 1648 pour le palais blanc et de 1690 à 1694 pour le palais rouge.
La visite est longue et requiert une bonne acclimatation eu égard à l'altitude.

 

 Jokhang. Le temple, demeure du bienheureux, était entouré d'une rue non pavée, barkhor, qui est le chemin de circumambulation par prosternation à chaque pas des dévots. La construction commença en 642 sous le règne de Songtsen Gampo.
Après avoir franchi la grande porte laquée rouge et passé l'étroit corridor la cour s'offre au visiteur et au fond l'entrée du grand temple, Tsuglagkhang qui comporte deux étages et une terrasse. La visite requiert un ouvrage descriptif des chapelles, peintures et statues.

 

Drepung. Grand monastère Gelugpa entouré de montagnes sur les trois côtés a été la résidence des Dalaï Lama avant la construction du Potala. Il forme une véritable ville qui hébergeait jusqu'à 9.000 moines. Huit bâtiments principaux constituent le site.

 

 

Sera. Monastère, Gelugpa, situé à quelques kilomètre de Lhassa a été souvent un rival du monastère de Drepung. Cinq bâtiments répartis sur le site méritent une visite ainsi que la cour des débats philosophiques où s'affrontent les étudiants avec des gestes rituels, des claquements de mains et des tournoiements.

Potala

Jokhang

Drepung

Sera


Le voyage s'est déroulé en deux parties,  la découverte de la vallée de Katmandu et la route vers Lhassa. Aucune comparaison n'est possible entre elles, si ce n'est la ferveur religieuse.
Bien que le Népal ait accueilli des réfugiés tibétains et que le Bouddhisme soit aussi développé, il est sur le versant méridional de l'Himalaya sous l'influence culturelle, économique et climatique du sous-continent indien.
Par contre le Tibet, plateau aride entouré de hautes montagnes a réalisé le syncrétisme entre sa religion ancestrale, Bonpo, et le Bouddhisme importe de l'Inde pour donner le Lamaisme forme aboutie du Bouddhisme Tantrique. Actuellement sous la domination chinoise, le Tibet et plus particulièrement Lhassa ont fait l'objet d'une véritable colonisation.


Le retour en France a été effectué, après un transit à New Delhi et un arrêt technique à Bombay, en vol Air India. L'arrivée à Paris a eu lieu en fin d'après-midi. Le retour a été moins mouvementé que l'aller.

Neuilly, le 2003/07/24