Avant de quitter Gaspé je visitais le petit musée qui présente la vie de la presqu’île de Gaspésie en quelques tableaux et l’arrivée de Jacques Cartier en 1534. Une reproduction de la Croix qu’il planta sur le rivage et un ensemble de stèles en bronze commémorant son arrivée et son dialogue avec les amérindiens sont exposés à l’extérieur. Le musée présente aussi des œuvres de Suzanne Guité, sculpteur, qui fit son tour du monde pour apprendre son art. Elle séjourna à Percé où j’arrivais en fin de matinée sous un ciel plombé.

Sculpture Suzanne Guité 
Musée Gaspé 
03/10/2011 

L’Office du Tourisme m’informa qu’il était préférable de visiter l’Île Bonaventure ce jour car la météo du lendemain était mauvaise.

Panorama 
Percé 
03/10/2011 

Je pris un bateau à 13:00 pour faire le tour du Rocher Percé ainsi que de l’île où il dépose les touristes pour aller voir la colonie de Fous de Bassan à la Pointe-à-Margaulx. Un circuit pédestre du site fait environ 7,7km.

Le Rocher Percé avait deux arches dont l'une s'effondra en 1845.

En débarquant du bateau un goupil roux nous accueillit en bâillant, encore des touristes, et nous scruta de son regard aigu.

Au point de vue surplombant la colonie de Fous de Bassan un naturaliste répond aux questions ainsi j’appris que l’île regroupe environ 200.000 oiseaux de toutes espèces dont environ 105.000 Fous de Bassan. Ce bel oiseau est un extraordinaire planeur, un implant électronique a montré qu’il parcourt lors de sa migration vers la Caroline du Sud, USA, la distance en trois jours de vol de jour. Fait exceptionnel l’odeur des excréments n’a rien de pestilentielle.

Sur le Sentier Chemin-du-Roi de retour vers l’embarcadère, je devisais agréablement avec un charmant couple de périgourdins en excursion dans la région, nous échangeâmes des souvenirs de voyage. En fin de journée le soleil fit son apparition éclairant le Rocher Percé en lumière rasante. Vers 17:30 je cherchais un bivouac que je trouvais sur une petite route de montagne menant à l’Anse-à-Beaufils.

Lumière rasante de fin d'après-midi 
Rocher Percé 
03/10/2011 

Le lendemain je souhaitais visiter la ville de Percé mais lorsque j’arrivais je constatais qu’elle était quasi déserte, beaucoup d’hôtels et restaurants étaient fermés ainsi que le musée où je ne vis qu’une sculpture de proue d’un navire non identifié. En désespoir de cause et malgré l’information du Touriste Office qui annonça 40% de chance de pluie, j’entrepris une promenade pour admirer le Rocher Percé d’en haut avec l’ascension du Mt Ste Anne à 340m d’altitude. Je parcourais les sentiers des Belvédères, des Falaises, des Sources, des Pieds Croches, de la Crevasse et de la Grande Coupe pour finalement aboutir à la Hwy #132 et un retour au parking. J’avais parcouru 12,5km GPS en ≠3:15 sans pluie. Je regrettais que le soleil ne fasse aucune apparition pour mettre en valeur le paysage marin. La randonnée a le pouvoir d’oxygéner le cerveau pour bénéficier de la plénitude de tous les sens. Ce fut encore un grand moment égoïste. Je retournais au bivouac de la veille.

Musée 
Percé 
04/10/2011 

Invite à la promenade 
Percé 
04/10/2011 

La grande crevasse 
Percé 
04/10/2011 

Le 06/10 la mer était démontée sans que l’on sache quand elle sera remontée ! Bien sûr il pleuvait, pas très encourageant pour faire des visites en extérieur. La Baie des Chaleurs doit son nom à Jacques Cartier lorsqu'il débarqua en Juillet 1534 en plein canicule. Je trouvais un bivouac près de la Pointe-aux-Loups Marins.

La première visite de la journée fut Paspébiac, site historique pour la pêche à la morue qui fut à l’origine du peuplement de la Gaspésie bien avant l’arrivée de Jacques Cartier. Elle était expédiée séchée et salée en Europe et principalement en Italie et Espagne.

La deuxième visite fut le musée de la ville de Bonaventure consacré aux Acadiens. L’Acadie était composée des Îles maintenant appelées Nouvelle Écosse, Cap-Breton et Prince-Edouard. Le Traité d’Utrecht 1713 donna ces Îles à l’Angleterre qui exigea des ressortissants français de prêter allégeance à la couronne d’Angleterre. Les Acadiens refusèrent, ils furent déportés en 1755.

Cette déportation fut appelée "le Grand Dérangement". Le poète américain Longfellow écrivit un poème appelé Evangeline. Récemment la Reine Elisabeth II reconnut cet épisode comme historique en instituant une date commémorative le 28 juillet : "A Day of Commemoration of the Great Upheaval". Malgré un timide soleil la journée fut particulièrement froide avec 2°C au lever du jour. Vers 16 heures des brindilles de cristaux de neige tombèrent. Au Touriste Office de Bonaventure l’hôtesse m’apprit que la fin de semaine serait l’été des indiens.

Le vendredi 08 je retournais à Bonaventure pour visiter le Bioparc de la Gaspésie qui regroupe en semi-liberté des espèces en danger de la péninsule. Un bâtiment à l’entrée regroupe des insectes collectés par Georges Brossard dans ses pérégrinations sur tous les continents, il est le fondateur de l’Insectarium de Montréal. J’assistais aux repas de certains animaux accompagnés des commentaires de l’animalier. Bien que l’été des indiens fut annoncé la température fut négative dans la nuit avec au petit matin -2°C sous le camion. Le soleil ne fut pas au rendez-vous de ma promenade en extérieur du Bioparc. Dans l’après-midi je m’arrêtais au bivouac de la veille.

Insectarium 
Bonaventure 
07/10/2011 

Repas  des ratons laveurs 
Bioparc 
07/10/2011 

En ce samedi 08 novembre l’été des indiens a commencé pour une semaine avec des températures au-dessus de 20°C. La nature a mis ses habits d’automne avec des couleurs chatoyantes. Pour cette avant-dernière journée au Québec en Gaspésie deux visites emblématiques l’ont animées. Le Parc National de Miguasha inscrit au patrimoine mondial de l’humanité est un musée d’histoire naturelle à partir de fossiles de la période du dévonien découverts dans les falaises dès 1842. Ils ont permis aux paléontologues de comprendre comment s’est faite la conquête du sol chez les vertébrés. Les collections de fossiles tant de poissons que de végétaux sont remarquables et très didactiques pour un profane. Pour appréhender cette niche de fossiles je donne une carte de la terre à cette période, Miguasha, en rouge, était près de l’équateur en milieu favorable aux dépôts sédimentaires pour conserver la faune et la flore enfoui pendant des millions d’années. Je passais la matinée à flâner d’atelier en atelier essayant de mémoriser les explications accompagnant les spécimens.

Et le poisson sortit de l'eau...

Quelques kilomètres plus loin dans un autre registre le Site Historique National du Québec de la Bataille de Ristigouche présente avec des vestiges de fouilles archéologiques sous-marines sur l’épave de la frégate corsaire française "Le Machault" le dernier combat naval entre la France et l’Angleterre pour la possession de la Nouvelle-France. L’exposition reconstitue avec des débris du "Machault" l’intérieur du bateau et la vie des marins au 18^e siècle parmi la vermine. Des panneaux mettent en parallèle les forces militaires en présence, l’infériorité de la marine française, puissance continentale, est mise en exergue par rapport au nombre de vaisseaux de guerre de l’Angleterre, puissance maritime. Le traité de Paris en 1763 scella l’abandon des possessions nord américaines de la France qui sera achevé par la vente de la Louisiane aux USA par Napoléon 1^er pour financer ses guerres contre… l’Angleterre. Si on ne refait pas l’Histoire, force est de constater que l’Histoire est un continuum même au 21^e siècle confer les problèmes de l’euro et l'attitude de l'Angleterre !

En ce dernier jour 09 octobre en Gaspésie, Québec, je randonnais dans la campagne au bord d’un ruisseau murmurant dans le bruissement des arbres mais sans chants d’oiseaux car la chaleur était d’environ +26°C. Je grimpais une colline de 205m d’altitude non sans difficulté car la pente était courte mais raide. Le lendemain je quittais le Québec avec une pointe de nostalgie, j’avais ouï le français québécois et suivi l’épopée de la fin de la Nouvelle-France. Lundi 10 octobre j’entrais pour quatre semaines dans les provinces atlantiques où vécurent les acadiens jusqu’au Grand Dérangement pour être début novembre dans le Maine, USA, avec un visa de trois mois.